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LA PLACE DU VILLAGE

  • Photo du rédacteur: Melanie Blaser
    Melanie Blaser
  • 13 sept.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 16 sept.

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J’aime les cafés. Surtout sur la place du village. Partout dans le monde. J’aime écouter discrètement les conversations de cafés, dans toutes les langues. M’asseoir dans un café, ou sur une terrasse pendant mes séjours à l’étranger fait intégralement partie des « visites » au même titre que les musées, la vieille ville, ou prendre un bateau si je suis au bord de la mer, pour voir la terre depuis la mer. Pour voir la ville, la région, l’île que je visite depuis la mer. Maintenant j’aurais envie de voyager en train. Les photos d’un ami qui voyage beaucoup, y compris en train, dans des pays lointains, stimulent cette envie. Et naviguer. M’arrêter dans les ports ou les gares et aller sur la place du village, observer, écouter. Puis repartir.


J’ai des amis qui aiment « tout voir » quand ils font du tourisme. Ce qui signifie voir tout ce qu’ils trouvent dans des guides ou sur Internet. Moi j’aime simplement me promener dans les rues, écouter les gens, observer, et m’asseoir au café.


En Italie, j’adorais entendre les gens parler sur les terrasses, où, petite, j’allais avec mon oncle, puis ultérieurement avec ma cousine. Je prenais un aranciata avec mon oncle et avec ma cousine un Crodino et, quand nous avions vingt ans, un spritz, bien avant que ce soit la mode ici. Je m’imbibais surtout des conversations.


Au Portugal, je suis allée plusieurs fois boire un café sur la place du village de Quinta da Fogueira où les habitués – tous des hommes – se mettaient en cercle et discutaient. La serveuse connaissait leurs habitudes et leur apportait un café au fur et à mesure qu’ils arrivaient sans prendre la commande. Parfois, ils demandaient aussi uma bola de Berlim, un de ces pains frits avec de la crème dedans. J’en ai mangé un, juste un, c’est bon, très bon. Aussi bon qu'una ciambella alla crema à la gare de Milan ou qu'un bombolone en Toscane. Au café, j’écoutais les conversations en portugais et ne comprenais que quelques mots pris au vol. Le premier jour ils m’ont regardée comme une touriste. Le deuxième jour ils m’ont regardée comme une touriste habituée. Le troisième jour, j’ai presqu’espéré qu’ils m’inviteraient à faire partie du cercle. Mais ils m'ont seulement souri.


Dans les pays chauds, les gens sont beaucoup dehors, dans les rues, sur les terrasses. Ils se rassemblent, ils discutent. Un jour, j’ai demandé à un ami vietnamien revenu de Suède ce qu’il pensait de ce pays. Il m’a répondu : « Je ne pense rien. Les gens sont tous chez eux. Il n’y a personne dans les rues, il ne se passe rien après le travail. Personne ne te parle dans la rue. »


Aujourd’hui, je suis sur la terrasse d’un tiroum que j’aime bien et j’écoute un groupe de femmes derrière moi. La conversation tourne autour de femmes malheureuses, c’est tout au moins ce que je déduis. Une femme à la retraite qui a travaillé toute sa vie et qui ne s’en sort pas avec financièrement. Une femme saoule en permanence qui injurie tout le monde. Une femme qui vit avec des animaux dans sa maison, dans son lit, parmi les excréments. J’imagine leurs histoires, leur solitude, à toutes ces femmes.


Comment en arrive-t-on à ne trouver plus aucune joie ici-bas ?


"L'attachement peut se passer de retour, jamais l'amitié." - Jean-Jacques Rousseau, Émile

 
 

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