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BAKLAVAS

  • Photo du rédacteur: Melanie Blaser
    Melanie Blaser
  • 1 août
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 août


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Aujourd’hui c’est vendredi. Pour moi. Pour beaucoup d’autres, c’est le 1er aout. Un jour férié. Les magasins sont fermés. Il n’y a personne dans les rues. Même mes cafés préférés sont fermés. Je déambule dans la rue principale de la petite ville où j’habite. Puis je bifurque dans un passage étroit entre deux maisons et j’arrive au bord du lac. Les préparatifs sont en cours pour la fête nationale. Des poteaux de bois sont disposés sur un radeau, prêts à être brûlés sur le lac quand il fera nuit. Au Vietnam, on dit que la fumée est le lien entre nous et nos ancêtres. Ici, on ne dit pas ça. On brûle, on trouve que le feu sur le lac est joli, on boit, on fait la fête.


Quelques gouttes de pluie se mettent à tomber. J’abandonne l’idée de boire un café sur une terrasse et je retourne dans la rue principale, la Grand-Rue, comme on l’appelle souvent dans les villages et villes ici. Les magasins asiatiques et le kebab sont ouverts. La terrasse du kebab est pleine. Je vais prendre une box avec de la viande d’agneau, des salades et une louche de cette sauce blanche, comme ils l'appellent.

« Pas d'frites ? »

« Non merci ».


Je paie ma box et mes deux baklavas et je rentre manger tranquillement sur ma terrasse en feuilletant un magazine hors-série sur le Vietnam. Les articles me déçoivent. C’est basique. Pas d’opinion, peu de réflexion. J’adore regarder des images du Vietnam d’antan. Je me suis toujours demandée pourquoi on ne les laisse pas tranquilles, les vietnamiens, les africains, tous. Mais ça ne se fait pas dire ça. Il faut les aider à tout prix, même au prix d’une ou deux guerres. Les aider à vivre un peu plus comme nous et un peu moins comme ils le faisaient. Parce que nous, nous avons trouvé la voie, nous savons comment creuser un puits, en quel dieu il faut croire, comment être heureux. Eux, ils ne savent pas. Ils ne savent même pas qu’ils ne savent pas. Alors il faut intervenir, pour leur bien.


Le petit garçon de l’appartement en diagonale du mien chante à tue-tête. Je souris. Parfois, la famille heureuse qui chante fort et qui danse dans le salon que nous étions me manque. Je vais me préparer un petit café et manger mes deux baklavas. Ce soir, j’irai fêter le 1er août, regarder brûler le bûcher en buvant une petite bière et en pensant à mes ancêtres.


"Et comme il y a un travail pour le deuil, il y a un travail pour l'amour. L'amour n'est pas une porte qui s'ouvre où il suffit d'avancer. Dans les premiers temps de l'amour le coup de foudre ne cesse de se réciter, de se figurer, de se reconstruire, de se comparer, de se réévaluer, de se faire fête. Il faut faire bon accueil au plus bel instant du monde.

Il faut le rêver.

Il faut le chanter.

Tel est le travail de l'amour." – Pascal Quignard, Abîmes


 
 

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