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APAISEMENT

Photo du rédacteur: Melanie BlaserMelanie Blaser

Ces temps, j’étais triste. Je suis quelqu’un qui a des grandes joies et des grandes tristesses. La phase « je suis juste bien » est rare. J’ai besoin d’intensité.


Mon premier amoureux s’est suicidé. On était jeunes, on passait tout notre temps ensemble. Le temps soigne toutes les blessures. Paraît-il. Mais combien de temps faut-il ? C’est la question qu’on se pose à chaque fois qu’on est blessé, ou malheureux. Et il n’y a pas de réponse. On a parfois l’impression qu’une blessure ne se refermera jamais. À l’époque, on recevait des cartes de condoléances. J’en ai reçu beaucoup. Une amie de ma sœur avait écrit : « on n’oublie pas, mais on s’habitue ». Je n’ai jamais oublié cette phrase. Je ne me suis pas habituée. J’ai lutté. J’ai souffert. Je n’ai pas compris pourquoi il restait ici, près de moi, si présent, alors que j’avais vu et touché son corps froid à la morgue. Je m’en suis voulu de sentir sa présence aussi intensément. J’avais un mari et des enfants, je ne pouvais pas leur faire ça, je ne devais pas. Je ressentais un vide, dans mon ventre. Je n’en parlais à personne. Pourtant j’avais envie d’être joyeuse, de vivre, de rencontrer des gens.


Soudain, mes larmes coulaient, le chagrin réapparaissait sans crier gare. J’appelais ça la mémoire du corps. Mes pensées n’allaient pas vers lui, mais je me sentais envahie de tristesse. Alors, j’ai appris à m’apaiser. J’ai compris que ce vide, cette tristesse n’existent pas dans notre corps, que tout va bien. J’ai appris le calme. Parfois ça prend du temps. Parfois, le calme revient tout seul. C’est comme si une moi console et apaise l’autre moi.


Et cet été, je suis allée voir une guérisseuse. Elle m’a aidée. Je voulais qu’il parte. En paix. Son départ ne change rien. Je l’aime, je l’aimerai toujours. Son départ ne m’empêche pas de vivre, d’être joyeuse.


Et quand je suis triste, je prends le temps de m’apaiser. Je sais que je serai à nouveau joyeuse, bientôt.


« Je t'aime dans le temps. Je t'aimerai jusqu'au bout du temps. Et quand le temps sera écoulé, alors, je t'aurai aimée. Et rien de cet amour, comme rien de ce qui a été, ne pourra jamais être effacé. »  – Jean d'Ormesson, Un jour je m'en irai, sans en avoir tout dit

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