UNSUBSCRIBE
- Melanie Blaser
- 1 avr.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 2 jours
– Qu'est-ce que tu veux faire quand tu seras grande ?
– Bouchère.
C'est ce que je répondais quand j'avais 8 ans et ça faisait rire mes parents. Finalement, j'ai fait des études littéraires.
– Qu'est-ce que tu veux faire quand tu seras grande ?
– Écrivain pauvre.
C'est ce que je répondais à 20 ans et ça faisait sourire tout le monde. Finalement, j'ai fait hôtesse, vendeuse, copine de footballeur, des renseignements commerciaux, prof, secrétaire d'avocat, des ressources humaines, épouse, maman, ménagère, cuisinière, femme d'expat', organisatrice, trésorière, coach, garde-malade, traductrice, chômeuse, amante, rédactrice, autrice, consultante, blogueuse. Et je me demande pourquoi, avec toutes ces cordes à mon arc, je ne trouve pas de job en ce moment. Si j'avais su, j'aurais fait d'autres projets.

– Qu'est-ce que tu veux faire quand tu seras grande ?
– Voyager
– Qu'est-ce que tu veux faire quand tu seras grande ?
– Être libre
– What do you want to do when you grow up ?
– Unsubscribe
– ¿Qué quieres ser cuando seas mayor ?
– La revolución
– Cosa vuoi fare da grande ?
– Antifascista
« – Moi, déclara Zazie, je veux aller à l'école jusqu'à soixante-cinq ans. [...] je veux être institutrice.
[...]
– Alors? pourquoi que tu veux l’être, institutrice ?
– Pour faire chier les mômes, répondit Zazie. Ceux qu'auront mon âge dans dix ans, dans vingt ans, dans cinquante ans, dans cent ans, toujours des gosses à emmerder.
– Eh bien, dit Gabriel.
– Je serai vache comme tout. Je leur ferai lécher le parquet. Je leur ferai manger l’éponge du tableau noir. Je leur enfoncerai des compas dans le derrière. Je leur botterai les fesses. Parce que je porterai des bottes. En hiver. Hautes comme ça (geste). Avec des grands éperons pour leur larder la chair du derche.
– Tu sais, dit Gabriel avec calme, d’après ce que disent les journaux, c’est pas du tout dans ce sens-là que s’oriente l’éducation moderne. C’est même tout le contraire. On va vers la douceur, la compréhension, la gentillesse.
[...]
– D’ailleurs, dit Gabriel, dans vingt ans, y aura plus d’institutrices : elles seront remplacées par le cinéma, la tévé, l’électronique, des trucs comme ça. C’était aussi écrit dans le journal l’autre jour.
[...]
Zazie envisagea cet avenir un instant.
– Alors, déclara-t-elle, je serai astronaute.
– Voilà, dit Gabriel approbativement. Voilà, faut être de son temps.
– Oui, continua Zazie, je serai astronaute pour aller faire chier les Martiens. »
— Raymond Queneau, Zazie dans le métro