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JARDIN

  • Photo du rédacteur: Melanie Blaser
    Melanie Blaser
  • 25 mars
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 26 mars

Au printemps, il descend au jardin avec son râteau, sa bêche, sa pelle, son arrosoir. Il retourne, sarcle, défriche, creuse, ensemence, fertilise. Au fil des semaines, il transporte des cageots, il sème et plante des salades, des tomates, des courgettes et des haricots jaunes, des patates, bleues ou pas, des fenouils, des artichauts, des choux de Bruxelles ou pas, des radicchi, des oignons, des poireaux et des fleurs.


Et une belle patate douce. Une seule. Il dit : « En novembre, je vais la cueillir et la manger ». Et il sourit.

Photo prise à Hanoi
Photo prise à Hanoi

 En été, il est souvent absent. Mais quand il est à la maison, il met sa tenue de jardinier : son vieux jeans et son t-shirt gris. Il arrose, bêche, coupe, arrache, transpire pendant des heures. Quand il est satisfait, il se repose quelques minutes, sur le banc au milieu des jardins. Il regarde le sien. Il compare, discute, donne et demande des conseils, échange avec ses voisins de jardin.


Les fleurs sont belles, colorées, lumineuses. Sa douce amie pousse des « ah » et des « oh » quand elle les voit. Ils mangent des tomates au goût de soleil, des haricots tendres et savoureux, des salades croquantes, sur la terrasse, avec un petit verre de vin. Il aime partager.


Puis, l’été passe, les mauvaises herbes repoussent, l’enthousiasme dépérit, l’élan n’est plus là. L’automne arrive. Il dit : « Il faut que j’aille au jardin ». Puis, il fait autre chose.


En novembre, la patate douce est prête. On peut entrevoir sa tête ronde. Elle l’appelle : « Je suis là, je suis mûre ». Il cueille parfois un cicorino. Il passe par les jardins pour aller faire quelques achats ou boire un cappuccino. Il jette un coup d’œil. Et il passe tout droit, pense à autre chose. Parfois, il se dit : « Il faudra que je la cueille ». Novembre est brumeux et pluvieux. Décembre est pluvieux et brumeux. Il a déprimé un peu. Un jour, il y pense. Le lendemain, il a oublié. Noël est arrivé. Il est resté chez lui, il n’avait pas envie d’aller dans la brume.


Et la patate douce est restée dans la terre.


En janvier, il décide d’aller voir. La pauvre patate douce a explosé dans la terre, mangée par les insectes, les mille-pattes et les vers.




« En automne, je récoltai toutes mes peines et les enterrai dans mon jardin. Lorsque avril refleurit et que la terre et le printemps célébrèrent leurs noces, mon jardin fut jonché de fleurs splendides et exceptionnelles. » — Khalil Gibran, Le Sable et l’écume

 
 

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